Depuis que je le connais, j'ai fait beaucoup d'efforts pour soutenir Michael dans son apprentissage du français. Wirklich grosse Anstrengungen! Für diese Kolumne habe ich tief in meinen Schubladen gewühlt und stiess auf eine Liste, die ich zu Beginn unserer Beziehung erstellt hatte, um Michael zu helfen, Fortschritte zu machen. En cherchant dans mes tiroirs pour cette chronique, je viens de tomber sur la liste que j'avais établie à nos débuts pour l'aider à progresser et à se corriger. Und nun erlebe ich mit Erstaunen, dass die Fehler, die mein Liebster vor zehn Jahren im Französischen machte, genau dieselben sind, die ich heute Morgen wieder aus seinem Mund gehört habe! J'ai la stupéfaction de constater que les fautes de français que mon chéri faisait il y a dix ans sont exactement les mêmes que celles que j'ai entendues ce matin de sa bouche ! Par exemple : je lui aide, au lieu de : je l'aide. Faire un processus, au lieu de : faire un procès.

Kein Fortschritt! Pas le plus petit progrès ! Pas la plus petite volonté de parler enfin un français parfait ! Ich erkenne, dass mein Schüler – begabter und schneller im Umgang mit meiner Sprache, als ich es mit der seinen bin (was mich immer irritiert hat) – sich in Wahrheit auf seinen Lorbeeren viel zu früh ausruht. Er ist unfähig, ein bestimmtes Niveau zu überschreiten. C'est ce manque de précision et d'attention dans les derniers détails qui l'empêche de prétendre à l'étiquette : bilingue français-allemand. Der Mangel an Präzision und Aufmerksamkeit hindert ihn daran, sich das Etikett «zweisprachig Französisch-Deutsch» zu erhalten.

Schlimmer noch, ich hege den Verdacht, dass Michael glaubt, seine Fehler beim Sprechen seien nicht weiter schlimm – vielleicht denkt er sogar, die Fehler seien amüsant. Et si on analyse bien sa pensée jusqu'au bout, que tout le monde pourrait faire les mêmes fautes que lui et parler un peu n'importe comment, que ce serait rigolo d'introduire un peu de fantaisie dans le français sérieux. Vielleicht denkt er sogar, dass alle die Französisch lernen dieselben Fehler machen und ein bisschen durcheinanderreden sollten– und so dem ernsten Französisch etwas Fantasie einzuhauchen.

Ainsi Monsieur Michael s'autorise-t-il depuis dix ans à aller à la toilette (et non pas aux toilettes) sans y voir de problèmes, malgré mes remarques, sans trouver nécessaire d'apprendre l'expression correcte. Monsieur Michael erlaubt sich zum Beispiel seit zehn Jahren, aller à la toilette (und nicht aux toilettes) zu sagen, ohne darin das geringste Problem zu sehen. A force de l'avoir entendue, cette phrase erronée est d'ailleurs devenue presque normale pour mes oreilles, je renonce souvent à la corriger. Weil ich diesen Fehler schon so oft gehört habe, klingt der Satz nun in meinen Ohren schon fast normal, und ich verzichte schon fast darauf, ihn zu korrigieren.

Mon compagnon, serait-il en train d'essayer de m'influencer et de me convertir à son usage particulier du français, la langue que je chéris, que j'écris ? Ist das sein heimlicher Versuch mich zu beeinflussen und zu seinem persönlichen Gebrauch des Französischen zu bekehren? Will der mir mein geliebtes Französisch nehmen?

Je ne me laisserai pas contaminer. Nein, ich lasse mich nicht anstecken von dieser Verdreckung des Französischen. Non je ne dirai jamais, comme lui, ich werde niemals sagen:

Ils se sont asseyé, au lieu de : ils se sont assis (le verbe asseoir est l'un de ceux que Michael hélas ne maîtrisera jamais),

je vais baigner, au lieu de : je vais me baigner,

j'ai lu dans un magasin, au lieu de : j'ai lu dans un magazine.

La seule chose que je veux garder, c'est son génial mot-valise:

respectué (respecté/tué), au lieu de : respecté.

Das Einzige, was ich behalten möchte, ist sein Kofferwort:

respectué (respecté/tué) – anstelle von respecté.

Ich habe eine Entscheidung getroffen. J'ai pris une décision. Michael weiss noch nichts davon.

Michael ne le sait pas, mais au bout de plus de dix ans d'études en immersion, voici arrivé le jour de son examen oral de français. Heute ist der Tag seiner mündlichen Französischprüfung gekommen.

Sans l'avertir je le fais venir sous un prétexte à la cuisine. Ohne Vorwarnung, bitte ich ihn unter einem Vorwand in die Küche. Je tire une chaise pour qu'il se mette à table. Er ist verwundert, aber setzt sich brav hin. Dann beginne ich auf Französisch, je l'interroge, en français:

Qu'est-ce que tu viens de faire ?

Michael: Ben rien, pourquoi... Je me suis asseyé à la table. (Qu'est-ce que je vous disais. Was habe ich euch gesagt?)

Ich korrigiere nichts und fahre fort. Je continue. Je tape des mains pour applaudir :

Et là, qu'est-ce que je viens de faire ?

Michael rigole, il ne comprend rien, mais il veut bien jouer le jeu: tu as applaudissé. Du hast applaudissé. Echt jetzt? Das glaubst du doch selber nicht.)

Allez on poursuit. Weiter geht die mündliche Französischprüfung.

Tu veux un café?

Volontièrement (Eigentlich müsste es volontiers heissen).

Ça fait du plaisir (= ça fait plaisir), tu ne me prépares jamais mon café. (Pour ça, il a tout à fait raison).

Ensuite il me demande d'airer parce qu'il y a une drôle d'odeur. Dann bittet mich Michael plötzlich zu airer (richtig: aérer, also lüften), weil es komisch riecht.

Moi: C'est ta faute. C'est l'emballage du poisson qui pue, tu l'as mis à la poubelle.

«Selbst schuld. Die Fischverpackung stinkt, du hast sie in den Müll geworfen.»

Lui : Ah zut, j'ai pas y pensé (= je n'y ai pas pensé). C'est stupide, car je sais bien par expérience que se sont les choses qui puent qui doivent être jetées en premier, ce qui es parfois fastidieux.

J'explose de joie: Bravo Michael! Tu viens de réussir ton examen oral de français, tu parles mieux que Proust! Bravo! Du hast gerade deine mündliche Französischprüfung bestanden – du sprichst besser als Proust!